Françoise Chapalay, infirmière de la petite enfance

J’ai débuté mon activité il y a 36 ans. Un médecin m’avait sollicitée parce qu’il manquait une professionnelle dans la région pour le suivi des nourrissons à domicile. Même si j’ai toujours eu un petit pourcentage (l’équivalent d’un 30% actuellement), je m’engage à 100% dans mon travail !

Ma mission principale consiste à faire de la prévention à domicile auprès des parents avec enfants âgés entre 0 et 4 ans. Je veille à leur santé physique et mentale, mais aussi à la qualité de leur environnement familial. Les sujets d’intervention sont très variés : suivi de l’allaitement, dépistage des problèmes de développement, passage à l’alimentation solide, comportement face aux pleurs des bébés, violences intra-familiales, exposition aux écrans, etc. Ce qui compte, c’est de pouvoir cibler le souci principal des parents et de les accompagner à partir de là. Je leur répète souvent qu’ils n’ont pas besoin d’être parfaits !

Je jouis d’une grande autonomie dans mon organisation et dans mes décisions, c’est une chance mais aussi une importante responsabilité. Dans ce métier, il faut savoir se détacher des préjugés, se remettre en question et se faire sa propre opinion. Je me souviens de cette mère désespérée face aux pleurs non-stop de son bébé, que personne ne pouvait expliquer. En la visitant, j’ai reconnu une souffrance profonde et recommandé un contrôle à l’hôpital. Il se trouve que l’enfant était atteint d’une maladie rare et les spécialistes ont pu expliquer la raison de ces pleurs hors du commun. Les parents m’ont tellement remerciée d’avoir entendu leur détresse et de les avoir orientés ! Récemment, j’ai mis en place une organisation de soutien à domicile pour une famille dont les deux parents souffrent de troubles dans leur santé mentale. Grâce à une collaboration multidisciplinaire, nous évitons un placement en foyer ; la sécurité des enfants et le traitement des parents sont ponctuellement évalués, et cela fonctionne.

La valeur qui guide mon travail, c’est… le respect. Le respect de chaque histoire familiale, des conceptions et des cultures différentes. Lorsqu’on entre chez les gens, on se déchausse, on entre en relation sans attitude de supériorité.